Glory Box

Quatorze ans dans ce quotidien qu'il vaut mieux avoir en journal. Un feuilleton envoyé depuis le monde d'avant, chaque 15 du mois.

image_author_Charlotte_Moreau
Par Charlotte Moreau
5 mai · 2 mn à lire
Partager cet article :

"Glory box" ouvre le 15 septembre

Pour ce job, j’ai pris des avions, des trains, des motos, des hélicoptères et des bateaux. J’ai écrit debout, par terre, sur des pistes de danse, à côté d’une poubelle ou dans le noir. J’ai reçu des compliments, des insultes et des appels au secours.

J’ai traîné dans des hôtels, des cuisines, des stades, des gares, des bars, des boîtes, des parkings (tant de parkings), des salles de spectacle immenses et des scènes minuscules.

J’ai rencontré des idoles, senti leur fatigue et leur parfum, caressé leurs chats et leurs chiens.

J’ai vu leurs bureaux, leurs angoisses et leur talent.

Il y a ceux qui m’ont fait la gueule, puis pardonné.

Ceux qui m’ont ouvert la porte de chez eux et présenté leurs enfants.

Ceux qui me répondaient toujours et ceux qui ne me remettaient jamais.

Il y a la partie émergée de l’iceberg journalistique, les Elise Lucet, les Mediapart, les BFM TV, les baroudeurs, les purs, les engagés, les enragés. Et puis il y a les gens comme moi.

Quand tout a commencé, j’habitais encore chez mes parents, n’avais jamais vu un concert de ma vie et étais pétrifiée à l’idée de passer un coup de fil. J’avais 23 ans et n’étais pas adulte une seconde.

Puis j’ai appris le métier : l’intimité factice, la tension sourde des palaces, la joyeuse férocité de la rédaction, les courriers de lecteurs semblables à des lettres de tueurs en série et les conditions acrobatiques de l’écriture, accouchée dans l’urgence, le bruit ou l’obscurité.

« Glory Box », c'est l'histoire et l'envers de ces quinze années. C’est croiser de la popstar morose, du sex-symbol vaseux et de la légende vacillante. C’est la trajectoire d’une introvertie, braconnant des plateaux parisiens aux studios californiens, des sauteries monégasques aux soirées d’Ibiza. C’est cette peau que l’on se crée, cette peau du soir dehors seule tard, qui dit les parkings, la bouffe au lance-pierre, l’épaule sciée par l’ordinateur, les fringues pour avoir la paix. C’est n'être ni personne ni quelqu'un, c'est graviter entre deux planètes, le le vedettariat et le public, sans appartenir à aucune.

« Glory Box » c’est tous les 15 du mois, sur Kessel.